15 ANS DU CHOEUR YAROSLAVL’
Chants sacrés au fil du Danube
Dimanche 22 octobre, 17h – Eglise St-Pierre de Pontarlier
CHANTS ORTHODOXES DE NOËL
Samedi 25 novembre, 20h – Collégiale de Saint-Imier
Dimanche 3 décembre, 17h30 – Corpataux/FR
Mercredi 20 décembre (heure à confirmer) – Eglise St-François de Lausanne
Jeudi 21 décembre (heure à confirmer) – Eglise St-François de Lausanne
Samedi 23 décembre (heure à confirmer) – Eglise St-François de Lausanne
Chants sacrés au fil du Danube
Alors que l’Europe se déchire sur son flanc oriental, alors que la civilisation européenne vacille sur ses principes fondateurs et doute de la grandeur de ses valeurs, alors que nationalismes et populismes gonflent et menacent de toute part, il existe des réalités géographiques, naturelles, qui nous rappellent à quel point l’Europe est une et interdépendante. Le Danube appartient à ces réalités naturelles. Second plus grand fleuve d’Europe après la Volga, le Danube et ses rives sont « le laboratoire vivant de l’Europe de demain » selon l’écrivain alsacien Martin Graff.
A lui seul, le Danube exprime la complexité européenne. Il traverse dix pays, plusieurs régions ethnolinguistiques, plusieurs aires de traditions religieuses historiquement implantées (protestantisme, catholicisme, orthodoxie, islam) et des paysages et massifs montagneux à chaque fois singuliers. A lui seul, le Danube nous invite à nous ouvrir à l’autre et chercher des points communs. C’est la même eau qui coule, lentement, éternellement. Certes, « on ne se baigne jamais dans le même fleuve » écrivit le philosophe Héraclite. Mais Parménide lui répondit que c’est toujours la même eau, finalement, permanente et intemporelle et cette eau, et n’importe quel fleuve, unit bien plus qu’elle désunit.
A lui seul, le Danube enfin, évoque le voyage modeste qu’entreprend le chœur Yaroslavl depuis quinze ans : découvrir et faire découvrir musicalement et spirituellement des facettes de cette autre Europe qu’est l’Europe de l’Est. Pour tous ses programmes, il en fut ainsi : le chant orthodoxe de Byzance à Moscou, Arvo Pärt et la rencontre entre Orient et Occident, chants sacrés des Balkans, chants sacrés du Caucase ou encore chants orthodoxes sous les Romanov. Il y est bien sûr question d’histoire et d’évolution musicale, mais aussi de géographie. Descartes écrivait qu’il est deux choses qui forment la jeunesse : la lecture de bons livres et les voyages. On serait tenté d’ajouter : la musique, dans son extraordinaire variété. Nous n’avons pas choisi notre langue, nos références, nos goûts, voire notre religion ; et nous sommes tous bien souvent rivés à notre identité locale et à notre ethnocentrisme. Enracinés comme nous le sommes, nous pouvons cependant nous ouvrir sur d’autres trésors et les apprécier. Le chant choral, et notamment le chant sacré, est là pour nous rappeler qu’il est quelque chose qui nous rassemble, qu’il est bon de célébrer plutôt que de diviser. Nietzsche ne croyait pas si bien dire lorsqu’il exclama que la « vie sans musique serait une erreur ». Non pas seulement parce que la musique donne sens et vie à notre errance sur Terre, mais aussi et surtout car elle rassemble les peuples, au-delà de leur singularité, autour de la beauté.
Quoi de mieux, ainsi, que suivre le Danube pour raconter cette histoire ?
Yan Greppin